Des boîtes et des hommes
Au ras du sol ou à portée de géant ?
Lorsqu’on regarde attentivement les emplacements réservés par les propriétaires ou locataires de maisons ou appartements, à leurs boîtes aux lettres, il y a de quoi s’étonner. Au ras du sol ou à portée de géant ?
L’on comprend alors pourquoi certains facteurs, soit n’effectuent leur tournée qu’un jour sur deux, soit abandonnent complètement la distribution du courrier, allant même jusqu’à se suicider…
J’exagère sans doute énormément. Néanmoins, ayant étudié ce cas dans notre petit village, j’ai pu constater que les facteurs pouvaient contracter divers maux en accomplissant leur mission.
Mal de dos ou de genoux, par exemple, lorsqu’ils doivent se baisser presque jusqu’à terre pour glisser le courrier dans une fente dont on penserait plutôt que c’est une chatière.
D’autres, à l’inverse, placent leur réceptacle si haut qu’il faudrait avoir la taille de Tony Parker pour l’atteindre, et de ce fait, à tendre le bras, sur la pointe des pieds, l’homme de lettres risque, au mieux une luxation de l’épaule, au pire une chute fatale.
Certains Chaliférois considèrent-ils que, puisque grâce à Internet le courrier circule plus vite et que les textos remplacent les lettres d’amour, point n’est besoin d’attendre la venue du facteur et, en conséquence, de lui permettre d’accéder à cette étrange boîte qui devient presque inutile ?
Par ailleurs, soucieux d’écologie, en interdisant toute publicité papier, s’ils participent à sauver la planète, ils créent du chômage en tuant le petit boulot de déposeur de pub qui nourrit, chichement certes, ceux qui le pratiquent.
Heureusement, plus nombreuses sont les boîtes faciles d’accès, même si parfois elles sont tout de guingois ou peuvent paraître bizarres à nos yeux.
Chalifert est décidément un village où ne règne aucune règle stricte.
Mais, n'est-ce pas, en partie, ce qui en fait le charme ?
Publié le 21 mars 2012